Isabelle Stibbe – Bérénice 34-44

Née en 1934, Bérénice reçoit son prénom en mémoire d’un camarade de tranchées de son père, amoureux de Racine et de son théâtre classique. Bien que rien ne la prédestine au théâtre, à part son prénom, elle pressent très jeune que son avenir se déroulera sur les planches.
Malgré l’opposition de ses parents, elle se présente à l’examen d’entrée du conservatoire à l’âge de 15 ans. Acceptée dans la prestigieuse école, l’étudiante coupe les ponts avec sa famille, son passé et tout ce qui pourrait être un frein à sa passion.
Première de sa promotion, Bérénice entre en 1937 à la Comédie-Française. Son chemin est ponctué de rencontres marquantes comme celles de Jean Gabin, Jean-Louis Barrault, Edouard Bourdet ou Jacques Copeau. Mais, au début de l’occupation, avant même la promulgation des lois raciales, la Comédie-Française exclut les Juifs de sa troupe. Bérénice cache qu’elle est juive pour pouvoir rester dans cette Maison de Molière qu’elle considère comme sienne et pour poursuivre sa carrière. Elle espère que la culture et l’art la sauveront et vaincront la folie du totalitarisme. Elle est pourtant dénoncée par une lettre anonyme et doit alors faire face à tout ce qu’elle a rejeté.

Sensible aux récits sur la seconde Guerre Mondiale, Bérénice 34-44 m’a particulièrement plu car il décrit l’occupation sous un angle que je n’avais encore jamais abordé, celui de la Comédie-Française. Pénétrer dans les coulisses de cette institution est un voyage à part entière. On y découvre le travail derrière les rideaux, les heures de répétition, mais aussi concurrence et superstition. On partage, durant le temps d’un roman, la vie de gens qui possèdent une passion hors du commun, une passion qui les comble et leur suffit pour traverser la vie et ses difficultés. En effet, dès ses premiers pas sur les planches, la vie de Bérénice sera complètement dédiée à la comédie. Ses amours, sa famille, sa foi et son pays deviendront secondaires, sa passion prenant toute la place.

L’auteure Isabelle Stibbe

Née en 1974, Isabelle Stibbe a étudié le droit international. Après ses études, elle débute sa carrière comme responsable des publications de la Comédie-Française. Elle poursuivra son chemin au Grand Palais où elle sera critique d’opéra. Aujourd’hui, elle est secrétaire générale de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet et enseigne à l’Institut d’études théâtrales de l’Université Paris III.

Bérénice 34-44 est son premier roman.