Agatha Christie: Les Mystères d’une Vie
de Marie-Hélène Baylac
Comme vous le savez sans doute, je suis un grande fan d’Agatha Christie. Je trouve que c’était une femme remarquable qui a su, à une période où les femmes avaient encore peu d’influence, s’imposer comme « la Reine du Crime » alors que ce style littéraire était encore balbutiant. Cette femme avait une imagination incroyable, était curieuse, aimait voyager… et tout cela au début du siècle passé! Un exemple pour moi!
Du coup, j’avais déjà lu les autobiographies qu’elle a écrites mais on m’a recommandé ce livre: Agatha Christie, les Mystères d’une Vie de Marie-Hélène Baylac et je me suis régalée. Il retrace bien sûr sa vie: son enfance, le décès de son père, les problèmes d’argent, son entrée de le monde, son mariage et son divorce avec Archie, sa fameuse disparition, sa fille, sa rencontre avec Max… Ce livre croise les sources et m’a offert une vision de cette femme beaucoup plus objective et pleine de fêlures… Une vision plus réaliste!Il y a 50 chapitres et autant de sujets abordés, mais voici ceux qui ont vraiment retenu mon attention: si elle était une grande indépendante et voyageuse ce qui lui a donné matière pour ses nombreux livres, elle a aussi été une mère indigne ne se reconnaissant pas dans Rosalynd (mais plutôt son ex-mari), se déchargeant d’elle sur sa mère, sa soeur ou diverses pensions, et ne lui offrant pas beaucoup d’amour. La maternité ne semblait pas lui convenir, à une époque où la question ne se posait pas, et elle s’est débrouillée pour que cela ne soit pas un fardeau et surtout qu’elle n’entrave pas ses projets. Un siècle plus tard, les femmes qui ne veulent pas d’enfants doivent toujours se justifier. Comme quoi, les choses ne progressent pas aussi vite que cela.
Elle manquait aussi beaucoup de confiance en elle, allant même jusqu’à souffrir du syndrome de l’usurpateur: elle ne pensait pas être un grand auteur, car elle n’avait pas fait de hautes études et ne maitrisait pas bien l’orthographe (point sur lequel Max semblait insister). Elle souffrait aussi beaucoup de l’image qu’elle donnait d’elle car à cause de son embonpoint – aujourd’hui elle aurait un conseiller en image et un bon photographe qui résoudrait tout cela! Mais je pense qu’elle aurait détester notre époque basée sur l’image: à cause de son poids d’abord, mais aussi car elle était très réservée et ne voulait pas partager son intimité. Elle ne voulait pas avoir de fan, ne voulait pas leur répondre (elle n’avait pas que cela à faire) et ne voulait pas être mise en avant. Elle écrivait pour gagner sa vie et vivre confortablement.
On apprend dans ce livre que Max s’est remarié deux ans après sa mort avec son assistante de longue date. Agatha Christie avait tellement peur de la solitude et de l’abandon (et c’est un thème qui réapparait tout au long de sa vie et du livre ) qu’elle acceptait tout et choyait son mari dans le but de le retenir. Dans l’autobiographie de l’auteure, il semble être adorable, mais le livre nous dévoile plutôt un homme intéressé par l’argent de sa femme, volage et misogyne. Comme quoi l’amour rend aveugle depuis la nuit de temps!
Connaissant déjà son histoire et son parcours, ce sont du coup plutôt ces traits de caractères que j’ignorais et qui n’apparaisse pas dans son autobiographie qui ont retenu mon attention, même si à l’arrivée elle me semble beaucoup plus humaine et imparfaite et que cela bouscule un peu la belle image que j’avais construite d’elle.
Un roman à lire absolument!