Une histoire vraie

L’Ile aux Cannibales
de Nicolas Werth

Il y a quelques mois, j’ai lu un livre assez médiocre qui parlait d’un sujet terrible caché de l’histoire qui a retenu toute mon attention: le massacre de l’Ile de Nazino en Sibérie Occidentale. J’ai aussitôt commandé la source historique qui avait inspiré le livre: L’Ile aux Cannibales de Nicolas Werth. Ce livre, qui est un véritable travail académique et non pas une histoire romancée, raconte en alignant les faits comment, durant l’hiver de 1933, le gouvernement soviétique a organisé la déportation de 6000 Russes sur la petite Ile de Nazino, située sur l’Ob en Sibérie Occidentale. Le livre explique longuement les conditions historiques et économiques qui ont poussé les autorités russes a vouloir purifié sa population de ses criminels, de ses opposants, des mendiants… Bref, des éléments considérés comme nuisibles. Une partie de ces déportés étaient effectivement des « nuisibles », mais l’autre partie était des gens victimes de rafles, de paysans dékoulakisés qui avaient fui leurs villages et étaient sans papiers et des simples personnes en transfert dans les grandes gares et considérées comme suspectes. Les déportés sont arrivés sur l’île avec les vêtements qu’ils portaient lors des rafles, mais sans couvertures, sans vêtements supplémentaires, sans outils, sans ustensiles de cuisine et surtout sans abris. Ils ont été déposés sur l’Île avec seulement de la farine pour nourriture. Les soldats russes en ont profité pour instaurer un pouvoir et une économie locale basée sur le troc des richesses (les dents en or des morts, les manteaux, les chaussures…) et la terreur. Mourant de faim et de froid, les déportés vont rapidement pratiquer le cannibalisme pour survivre. Plus de 4’000 personnes sont mortes sur cette île, dont 295 le premier jour, car les « nuisibles » avaient voyagé pendant 6 jours en cale sans avoir reçu assez de nourriture et sans avoir vu le jour. Ils sont arrivés affaiblis et affamés. S’il y a eu des cas de cannibalisme, ces 4000 personnes sont avant tout mortes de faim et de froid sur cette petite Île où ils ne recevraient qu’un peu de farine à mélanger à l’eau de la rivière pour se nourrir.
Cette affaire ne sera dévoilé qu’en 2002 par l’ONG russe « Memorial ». Ce livre retrace de façon très académique ce massacre. Un massacre qui se perd dans les milliers de déportés et de morts que fut la dékoulakisation. Le 20e siècle a subi bien des massacres et on ne devrait pas les oublier en ressassant toujours les plus évidents.

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